Autrices et lectrices de M/M et orientation sexuelle

Par Valéry K. Baran.

L’autrice des romances F/F « Nadya & Elena » et « Punies soient les lâches » aux éditions HQN Sylvie Geroux s’interrogeait il y a quelques mois sur le rapport entre l’orientation sexuelle des autrices et le type de romance qu’elles écrivaient (M/M, F/F), et la différence de succès (en termes de chances de publication et de ventes) des romans associés. Rappel pour ceux qui ignoreraient ce que signifie M/M et F/F, M/M c’est une romance entre deux hommes (Male/Male), F/F entre deux femmes (Female/Female).

Je ne suis pas une spécialiste de F/F mais, pour le M/M, je m’y connais très bien et, sachant qu’il y a en fait dans le M/M beaucoup d’autrices ayant, au moins, des tendances homosexuelles, si elles ne sont pas bisexuelles ou homosexuelles elles-même, je lui en ai parlé, mais j’ignorais en quelle proportion.

De plus, c’est important de le signaler, l’idée que les autrices de M/M sont des femmes hétéro ne connaissant absolument rien au sujet de l’homosexualité est très répandue et très souvent prétexte à dénigrement de ces autrices… Du coup, ne laissons pas les choses là. Des chiffres, messieurs-dames, des chiffres ! Et de l’analyse.

J’ai donc lancé un sondage sur le net, pour savoir quelles étaient les orientations sexuelles des autrices de M/M. Pour ça, j’ai utilisé un outil : l’échelle de Kinsey, et j’ai demandé aux personnes concernées de me dire où ils se situaient sur cette échelle.


+   X         Asexuel(le)

Ou, en anglais :

Et j’ai étendu la question aux lectrices/lecteurs et traductrices/traducteurs, histoire de voir ce que ça allait donner.

Voici le résultat :

Avant toute chose :

Rappel pour la compréhension de cette échelle : les définition des mots hétérosexualité, homosexualité et asexualité se rapportent toutes à la question de l’attirance/du désir sexuel (ouvrez votre dictionnaire, si vous avez un doute sur la définition) et non pas uniquement à la question de qui on a embrassé/avec qui on a couché. On peut donc être hétérosexuel, homosexuel, bisexuel, hétérosexuel à tendance homosexuel, homosexuel à tendance hétérosexuel… sans n’avoir même jamais vécu aucune expérience sexuelle avec quelqu’un d’autre. L’orientation sexuelle ne se limite pas aux expériences vécues à deux (ou plus, pourquoi pas ?) : c’est le fait de ressentir une attirance sexuelle pour un sexe en particulier qui définie l’hétérosexualité, l’homosexualité, et tout ce qu’il y a entre les deux. On peut, de plus, être asexuel tout en ayant une attirance romantique pour un sexe ou un autre et même être en couple avec enfants : c’est le fait de n’éprouver aucun désir sexuel pour un sexe ou un autre qui détermine cette asexualité.

Comment ont été prises en compte les réponses, pour les cas particuliers :

En conséquence, lorsqu’il est arrivé que des personnes donnent un score entre deux, comme  « 1 à tendance 2 » ou « 6 à tendance 5 » (ça s’est fait dans les deux sens), j’ai choisi le chiffre correspondant aux « tendances », puisque cette échelle n’évalue pas des expériences sexuelles vécues « réellement » avec quelqu’un d’autre mais justement les expériences d’attirance sexuelle et donc bien les tendances des personnes interrogées.

Cette échelle a de plus été vécue comme trop restrictive pour certaines personnes asexuelles, la notion d’orientation romantique n’apparaissant pas, tout comme celle de la pansexualité, etc. , et, soit leurs réponses ont été un choix par défaut (0, généralement), soit leur cas n’a pas pu être pris en compte et je l’ai mis dans « hors échelle ». En tout cas, s’il y a un score pour lequel il est difficile de dire si les résultats sont représentatifs de la réalité, c’est celui de l’asexualité.

Enfin, comme il y a eu des cas d’autrices étant aussi traductrices, et comme les traductrices et autrices sont toujours lectrices également, j’ai choisi de faire apparaître les scores des personnes concernées dans leur activité présentée comme principale, donc autrices si elles étaient principalement autrices, lectrices si elles se présentaient principalement comme lectrice, etc.

Résultats :

Score                                    Autrice                      Trad’                      Lectrice
0                                                 9                                4                               24
1                                                 7                                1                               11
2                                                 5                                                                  2
3                                                 6
4                                                 3
5                                                 1
6                                                                                                                     1
X                                                 2                                                                  1
Hors échelle                               1                                1

Analyse :

Tout de suite, ce qui saute aux yeux, c’est la différence autres autrices et lectrices ! Mais voyons ce que ça donne en détails :

Pour les autrices de M/M, une grosse proportion a, au moins, des tendances homosexuelles : de l’ordre de 73 %, avec :

  • 26 % de personnes purement hétérosexuelles (score 0),
  • 20 % de personnes hétérosexuelles à tendance homosexuelle (score 1),
  • 41 % de personnes bisexuelles ou proches de la bisexualité (score 2 à 4),
  • 3 % de personnes homosexuelles à tendance hétérosexuelle (score 5),
  • 6 % de personnes asexuelles (score X),
  • 3 % de personnes se considérant hors échelle (toujours en lien avec l’asexualité).

Pour les traductrices, la tendance est moins marquée :

  • 66 % de personnes purement hétérosexuelles (score 0),
  • 17 % de personnes hétérosexuelles à tendance homosexuelle (score 1),
  • 17 % de personnes se considérant hors échelle (toujours en lien avec l’asexualité).

Le score des traductrices est cependant à relativiser fortement dans la mesure où peu de personnes se sont présentées en traductrice principalement et leurs scores sont donc passés soit dans les autrices, soit dans les lectrices.

Quant aux lectrices, là, la tendance change radicalement :

  • 61 % de personnes purement hétérosexuelles (score 0),
  • 28 % de personnes hétérosexuelles à tendance homosexuelle (score 1),
  • 5 % de personnes hétérosexuelles proches de la bisexualité (score 2),
  • 3 % de personnes purement homosexuelles (score 6),
  • 3 % de personnes asexuelles (score X).

Conclusions :

  • Les autrices ont bien, en moyenne, un score sur l’échelle de Kinsey bien plus élevé que les autres,
  • Il existe une vraie différence à ce sujet entre les autrices et les lectrices. Quant aux traductrices, les chiffres sont trop faibles pour pouvoir être vraiment analysés mais, vu que leur score a été très souvent pris en compte soit dans « autrices » soit dans « lectrices », on peut considérer que, s’il avait été pris en compte systématiquement en tant que « traductrice », il serait à mi-chemin entre ceux d’autrice et de lectrice.
  • On peut donc constater que, en matière de M/M, plus la personne est impliquée personnellement dans le processus de création, plus on a un score moyen qui est élevé sur l’échelle de Kinsey, donc des tendances homosexuelles, une bisexualité ou une homosexualité présente.

De plus, ce sondage a été l’occasion de découvrir d’autres sources, faites du côté anglophone et dans le milieu de la fanfiction, et voici les chiffres qui ont été obtenus (source) :

AO3 census centrumlumina

Ou autres chiffres ici (source) : 31% de purement hétérosexuels chez les lecteurs et 25% chez les auteurs.

A noter que, ces deux sources étant liées au milieu de la fanfiction, dans lequel la plupart des lecteurs sont aussi auteurs, ces chiffres sont à considérer comme représentatifs majoritairement des auteurs (pas que, mais pour la plupart).

Dans tous les cas, on arrive toujours à cette même proportion, plus ou moins : un quart environ seulement des autrices de M/M sont strictement hétérosexuelles.

On est donc très loin des idées reçues à ce sujet.

Quant à l’idée reçue associée généralement, qui est que le M/M serait écrit par des femmes n’y connaissant rien au rapport entre deux hommes, et qui ramène donc, en plus du point pré-cité, au fait que que les femmes ne connaîtraient rien au ressenti des hommes, si on dresse un profil moyen de l’autrice de M/M, on voit que :

Il s’agit d’une autrice avec des tendances majoritairement hétérosexuelles, un vécu principalement de relation(s) en couple avec un homme, mais une part d’elle-même clairement homosexuelle. Or, lorsqu’on a l’expérience du vécu en couple avec un homme et soi-même des penchants homosexuels marqués, on n’est ni ignorant quant à ce que ressentent les hommes/leur psychologie, ni ignorant quant à ce qu’est l’homosexualité.

Le tout à mettre en rouge, en encadré et en clignotant.

La question que l’on peut se poser, derrière, est :

Pourquoi le M/M pour des autrices qui, par ailleurs, de par leurs orientations sexuelles, pourraient écrire aussi du F/F ou plus de F/F ?

Il faudrait une étude vraiment approfondie sur le sujet, mais voici toutefois les possibilités de réponse que l’on peut esquisser :

  • La conservation d’une certaine distance entre l’autrice et ses personnages :

Écrire sur deux hommes, plutôt que sur deux femmes, est un moyen pour une autrice de garder ses distances entre sa vie intime et ce qu’elle écrit, de préserver son intimité, dans le sens où elle peut éviter plus aisément la projection (autant personnelle que par rapport à l’image d’elle-même que peuvent se faire les lecteurs et lectrices), tout en écrivant sur un sujet qui lui reste proche, soit celui de l’homosexualité,

  • Le fait que, lorsqu’elle n’est ni à 0 ni à 6 sur l’échelle de Kinsey, une autrice peut avoir envie d’explorer cette part d’elle-même qui est, soit une tendance homosexuelle malgré un intérêt plus marqué pour les hommes, soit une tendance hétérosexuelle malgré une vie homosexuelle :

En effet, si on est hétérosexuelle à tendance homosexuelle (le cas le plus fréquent chez les autrices de M/M), écrire du M/M est écrire sur le sexe suscitant le plus d’attirance sexuelle pour l’autrice, soit le sexe masculin (et là, en plus, il y en a deux !), tout en abordant le sujet de l’homosexualité qui est quelque chose faisant partie de l’autrice et donc pouvant lui donner envie de l’explorer dans l’écriture. Qu’importe si le sexe écrit n’est pas le même : le sujet le reste, lui. Il y a donc un double intérêt clair pour l’autrice et l’exploration de deux domaines qui la touchent directement.

Et, si on est homosexuelle à tendance hétérosexuelle, écrire du M/M peut être l’occasion d’écrire sur cet autre sexe suscitant une attirance, même plus faible que celle ressentie pour le sexe féminin mais présente, soit le sexe masculin, tout en restant dans un sujet touchant l’autrice personnellement, soit l’homosexualité,

  • Le manque d’œuvres F/F à lire et, plus encore, le manque d’œuvres F/F à lire qui ne soient pas formatées pour des hommes hétérosexuels :

Il est clair que, pour les lectrices recherchant de la lecture F/F, il peut être difficile de trouver quelque chose leur étant adressé dans ce genre et, du coup, plus aisé de lire du M/M, du moins si elles veulent lire des histoires parlant d’homosexualité leur étant adressées en tant que public féminin. Non pas que le F/F directement adressé aux femmes homosexuelles n’existe pas, bien sûr, mais qu’il reste restreint en matière d’œuvres éditées, alors que le M/M représente une production bien plus importante.

De la même manière qu’une lectrice hétérosexuelle peut trouver du plaisir à lire du M/M qui la touche dans l’abord des relations entre les personnages, du sentiment amoureux, des personnages eux-mêmes… Une lectrice homosexuelle peut trouver du plaisir à lire un M/M la touchant dans la manière dont est abordée la romance et le sujet de l’homosexualité,

  • La difficulté à faire publier du F/F :

Ce qui est publié ne correspond ni forcément à tout ce qu’aurait envie d’écrire l’autrice ni à tout ce qu’elle écrit réellement. Il ne s’agit là que de ce qui est sorti du « tiroir », comme on le dit pour les œuvres non publiées des auteurs. Il existe donc des autrices dont 90% des écrits sont du F/F, mais dont la part publiée n’est que du M/M ou du M/F,

  • Une forme d’accommodation au courant général.

En conséquence des points pré-cités, tout simplement. Il n’est hélas pas toujours aisé d’aller à contre-courant, pas plus qu’il ne l’est de s’impliquer dans un genre d’écriture que l’on sait avoir peu de chances d’être publié et ne pouvoir rencontrer qu’un public restreint.

En conséquence aussi du fait que, dans nombre de médias (séries, films, romans…), les personnages principaux/forts sont bien plus souvent des personnages masculins que des personnages féminins. D’une certaine manière, les auteurs peuvent donc s’y habituer et tendre tout simplement à reproduire ce schéma, comme il est fréquent, quel que soit le domaine, de reproduire les schémas dominants.


Remarque :

Ce sondage est clos sur tous les lieux du web extérieurs à ce blog sur lesquels j’ai posé la question mais, si vous voulez apporter votre participation, vous pouvez le faire en commentaire ici (sur ce blog-même, ça reste ouvert) : j’éditerai le tableau en conséquence.

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12 réponses

  1. fjudy dit :

    Merci pour ton étude, elle est vraiment intéressante. J’avais dans l’idée que le MM était pour les femmes purement hétérosexuelles. J’apprends que même des femmes homosexuelles apprécient le MM. Au moins, ça me donne un début de réponse sur pourquoi certaines femmes aiment tant le MM.
    Pour moi, je cherche encore, puisque je suis certaine de ne pas avoir de tendance homosexuelle, à part le fait de la distance avec ses personnages, deux hommes à fantasmer au lieu d’un seul. En tant que lectrice, j’ai du mal à trouver des persos féminins que j’apprécie réellement, je crois que je peux les compter sur le bout des doigts, quoi qu’il en soit ce sont toujours des persos à part qui ne ressemblent à personne (genre Katniss Everdeen de Hunger Games, ou l’accro du shoping…).
    Dans la vie aussi, j’ai du mal avec les femmes en général, j’ai du mal avec cette rivalité constante entre nanas, et le fait de parler les unes des autres dans le dos, les phrases assassines l’air de rien (arts que je maîtrise aussi^^ ; bien obligée). J’ai très peu de copine (une en fait) les autres sont les femmes des potes de mon mari ou leur copines, comme dit mon mari « les gonzesses entre vous, vous êtes horribles ».
    Remarque : une de mes fics qui le plus de succès après toutes ces années sans rien poster est un OS Yuri (un Crosover Harry Potter/Twilight entre Hermione et Alice), je l’ai écrit à la va-vite pour une lectrice.
    Comme je te l’avais dit personnellement je n’ai pas envie de lire un FF (déjà que j’ai du mal avec les persos féminins), peut-être est-ce le cas pour les autres lectrices purement hétéro, ce qui expliquerait peut-être qu’il n’y ait pas trop de demandes pour le FF.

    • Il n’est jamais aisé d’expliquer pourquoi on aime quelque chose, en même temps. Le souci c’est que, lorsqu’on aime le MM, il faut le justifier. On peut par contre aimer les westerns, les thrillers et même les films d’horreur, sans devoir passer par la case « psychanalyse » comme on nous l’impose trop souvent quand on lit du MM.
      Mais, effectivement, rien que les facteurs : deux hommes au lieu d’un ; récit adressé clairement à un public féminin ; et évitement de certains stéréotypes féminins (je dis « certains », parce que, parfois, ces stéréotypes on les retrouve tout de même de façon détournée sur un personnage masculin) me paraissent être de bonnes raisons d’apprécier le MM. ^^
      Après, pour le FF, c’est clair que c’est un genre qui attire nettement moins mais peut-être faut-il tout simplement en découvrir de bons ? C’est comme tout : tant qu’on n’a pas goûté à quelque chose d’appréciable dans un domaine, on ne va pas forcément se tourner vers ça. Je n’ai que peu d’exemples en littérature mais, pour prendre un exemple connu de tous, des films comme « Thelma et Louise », j’en reverrais des dizaines avec plaisir. 🙂

      • fjudy dit :

        C’est que Thelma et Louise c’est génial, ou même plus récemment j’ai vu la vie d’Adèle à la télévision avec mon mari, et nous n’avons pas vu passer les trois heures du film. J’ai vu que Juliette Binoche et Kristen Stewart formaient un couple à l’écran dans Sils Maria, je n’ai pas vu le film mais rien que le casting donne envie.
        Un livre de MM ou un des personnages a de gros stéréotypes féminins c’est Une petite chose, j’ai été surprise au début, mais c’est tellement assumé par les auteurs et le personnage lui même que j’ai bien aimé. ( On dirait de Chick-lit), j’en ai lu d’autre où j’ai eu l’impression que l’on avait inter-changé une femme avec un homme et là je n’ai pas aimé du tout.
        Dans tous les cas tout cette discussion, m’a donné une idée de personnage lesbienne, je la mets de côté, je la ressortirai peut-être un jour.

        • J’ai adoré « La vie d’Adèle » aussi. ^^
          Et, oh, sympa ! J’ai mis longtemps à me décider à écrire un FF, mais je suis contente de l’avoir fait. Ça me plairait bien en faire d’autres, d’ailleurs. N’hésite pas, en tout cas.

  2. Selene dit :

    Intéressant à lire, comme cité l’asexualité est très difficile à définir dans un contexte d’échelle, je suis asexuelle et j’ai choisis de répondre X à ton sondage mais j’aurais aimé plus de variantes.

    Raison pour laquelle j’aime le m/m, disons en partant que je ne lis pas que ce genre de livres, je lis plus de 200 livres par an et ce depuis que je sais lire (et c’était avant mon entrée à l’école loll) donc j’ai pu visiter et je visite encore plusieurs style souvent dans la même semaine. Je ne ressens pas de désir sexuel et même que j’aime pas trop les contacts physiques mais je ressens du désir émotionnel et sentimental et je trouve que dans les m/m c’est sentiments sont mieux définis, plus profonds et bien décrit que dans les m/f ou trop souvent la fille est une chiffe molle pas capable d’ouvrir une porte toute seule qui n’a qu’un sentiment étant un amour éternel pour son sauveur le gros macho qui ne pleure jamais et à la solution à tous les problèmes.

    Donc souvent les romans m/f que je vais aimer sont ceux avec une figure féminine forte genre hunger game, la 5e vague etc… Les livres ou les femmes sont certaines de leurs sentiments.

    Pour ce qui est des f/f ils ne m’intéressent pas du tout et je n’en ai jamais lu, premièrement n’ayant aucun goût sexuel pour les femmes, lire le décrit de leurs ébats ne m’apportera rien. Du côté émotion, je suis toujours plus touchée par un homme qui a peur de ses sentiments qu’une femme (encore l’étiquette de la chiffe molle), des femmes qui pleurent j’en ai comme trop vue lolll. Je ne suis tout de même pas fermée à en lire un super bon si on me le conseil. Je n’ai rien contre.

    Donc sexuellement je ne suis attirée par personne, émotionnellement je le suis plus par les hommes et de pouvoir lire des livres ou leurs sentiments sont vraiment exposés clairement et profondément m’émeut et m’attire plus que les livres conventionnel du  »un homme ça ne pleure pas ».

    • Oui, j’ai choisi l’échelle de Kinsey comme ça, pour avoir un support, mais, après coup, je me suis dit que j’aurais dû faire ma proche échelle, plus large, en englobant les notions de pansexualité, de demi-sexualité (mais bon, très honnêtement, je ne connaissais même pas ces termes)… Celle de « romantisme » aurait aussi été bonne à intégrer, pour bien faire.
      Et, wow, c’est impressionnant tout ce que tu lis. C’est excellent. 🙂
      Et je comprends tes réserves par rapport au MF. Je commence à découvrir des auteurs écrivant de chouettes MF, avec des personnages non stéréotypés, donc plus ça va, plus je reviens dessus, mais j’avoue avoir eu les mêmes réserves que toi à une époque et je reconnais qu’il faut encore fouiller. Ceci-dit, le MM n’est pas non plus exempt de stéréotypes. Parfois, on retrouve juste les mêmes que dans le MF, mais portés par des personnages masculins plutôt que par des personnages féminins, d’ailleurs. Mais bon, par rapport au moment où ça a commencé à se développer, avec la grosse influence des mangas, ça tend quand même nettement à s’améliorer. ^^

      • Selene dit :

        C’est vrai dans le m/m il y a de gros stéréotypes et des hommes qui agissent comme des personnages féminin mais lollll au moins ce n’est pas des femmes, dans le sens que j’en ai vraiment ras-le-pompom du personnage féminin mièvre, donc que ce soit un homme qui le soit pour une fois et pleure de se casser un ongle ça me fait du bien, ce doit-être mon côté dominateur qui ressort 🙂

        • Surement ! xD
          Perso, ça me dérange dans le MM aussi donc ce n’est pas évident… En fait, MM ou pas, j’ai envie de lire des personnages qui m’apparaissent juste, humains, réalistes, c’est à dire non clichés, non stéréotypés, et pas non plus exagérés, parce que les personnages qui pleurent quinze fois dans un bouquin dont dix pour des cas pour lesquels ils pourraient avoir une infinité d’autres réactions que celle de pleurer, je ne supporte pas. Mais bon, il existe suffisamment de bons MM à lire qui n’ont pas ce souci. 🙂

  3. Très, très intéressante cette analyse, merci beaucoup de t’être penchée sur le sujet ! Ça fait vraiment réfléchir, et ça nous rappelle qu’on est tous différents, autant sur la question de la sexualité que sur le reste.

    • Oui, même moi, pour l’étude, c’était ultra intéressant, notamment sur le sujet de l’asexualité que je connaissais mais vraiment trop peu par rapport à toute la complexité de ce sujet. Et, d’ailleurs, combien de fois ai-je opposé ma logique mathématique : « si tu éprouves de l’attirance sexuelle, tu ne peux pas être X, et, si tu n’en éprouves pas, alors tu es X » à des personnes qui, de par leur rapport à l’asexualité, ne se retrouvaient pas pour autant dans la séparation binaire que je leur proposais. Donc on touche à des choses vraiment complexes et très intéressantes. ^^

  4. MrsSimply dit :

    L’étude est intéressante et essentielle, je suis ravie de tomber dessus « par hasard ». J’ajouterai bien mon grain de sel. Je parle avant tout des femmes hétérosexuelles qui écrivent du MM, puisque c’est mon cas (je suis à 2 sur l’échelle de Kinsley). Je rentre donc tout a fait dans les clous de l’étude. Et je me suis souvent posé la question, entre autres avec mon psy, de ce qui pouvait m’attirer dans la lecture – et l’écriture, il fut un temps – de ce genre de fiction. Je n’ai évidement pas de réponse toute faite, mais c’est une question qui me travaille. J’en suis passé par plusieurs phases: je désire l’égalité parfaite avec mon partenaire, je suis hétérosexuelle, ce sera donc (probablement) un homme: je veux donc être un homme aussi. Résultat d’une lutte féministe très vive en mon coeur? Longtemps je suis resté accrochée à cette explication: je veux être homme, au moins psychiquement. Je veux être homme aussi pour le comprendre, lui ce mystère en face de moi, cet autre différent, qui ne pense pas comme moi, qui ne vit pas la vie, la société, le monde, comme moi. Et pour le comprendre, il faudrait que je vive son expérience. Impossible dans la réalité, approchable dans la fiction? La fiction MM n’est-elle pas le moyen d’explorer, comme tu le dis, mais pas seulement d’explorer SES tendances à soi, mais bien l’Autre, « Celui de l’autre sexe ». Franchement, les hommes sont aussi mystérieux pour nous que nous le sommes pour eux, et à l’époque où j’ai commencé à lire du MM et à en écrire, j’étais en plein désarroi devant cet autre sexe. Non seulement, je ne savais rien du sexe, c’est donc aussi un moyen de m’y préparer, aborder la chose avec de la distance, avec du recul, avec du contrôle (pour l’anecdote, j’ai été plusieurs fois « félicitée » pour mes compétences sexuelle, ce qui me fait rire à chaque fois car je repense au fond que toute ces « techniques » je les aient apprises sur le papier en lisant des fiction MM – eh oui messieurs). La fiction MM était aussi un moyen, peut-être, de prendre ma revanche sur le sexe « fort » en supprimant les inégalités: deux hommes sont de forces égales, l’un n’a pas au départ l’avantage de la nature lorsqu’il s’agit de la force physique. Les corps sont fait pareils: le plaisir est simplifié « ce qui marche pour l’un, marche pour l’autre » là où la réalité du rapport hétérosexuel impose des différences dans la recherche et l’accession au plaisir. Enfin, effectivement comme tu le dis, il y a l’idée d’aller explorer cette question de l’homosexualité… (en fait j’aurai encre plein de choses à dire mais je pars dans des pérégrinations pseudo-psychanalityques fumeuses donc je préfère m’arrêter là). En résumé, pour moi il y a aussi plus simplement, l’envie d’explorer l’autre sexe, peut-être pour mieux le comprendre, pour l’apprivoiser, voire peut-être parce qu’on aurait envie de l’être de temps en temps.

    • Salut, Mrs Simply ! Tu ne peux pas savoir à quel point ça me fait plaisir de te voir par ici :ça fait tellement longtemps !!! (envoie-moi un MP : donne des nouvelles ^^)
      Et merci pour ton intervention : ce que tu dis est ultra intéressant. ^^ Et, en effet, ça me renvoie à quelque chose que je ressens, lorsque j’écris : il m’arrive parfois de changer le sexe de l’un des protagonistes : soit comme ça, parce que j’ai commencé une histoire, que je suis arrivée à un point de blocage, que j’ai eu une autre idée, avec une configuration différente pour les sexes des personnages et que je retravaille le texte en prenant en compte cette différence, soit volontairement : parce que je suis tombée dans un cliché homme/femme et que j’ai envie de voir ce que ça donnerait avec une inversion des sexes, soit carrément a posteriori, après avoir écrit la fiction. Et, effectivement, à chaque fois je me trouve face à la conscience d’un rapport de forces différent, faisant que tout ne peut pas être écrit à l’identique, qu’il faut changer certaines choses… Ce n’est pas énorme mais, là où je peux écrire dans un MM des choses induisant un rapport de forces important (exemple : une relation de domination/soumission), je vais ressentir le besoin de le modifier légèrement dans un MF, parce que le rapport de forces est déjà existant, d’une certaine manière, dans un rapport MF, et qu’il s’ajoute donc à celui que je vais instaurer dans la fiction. Pour ça, c’est clair qu’écrire du MM est apaisant : pas besoin de se prendre la tête à savoir si, lorsqu’on écrit la femme qui cuisine et le mec qui prend les choses en main dans le sexe on est dans un schéma caricatural, pas besoin d’être face au fait que, si on écrit l’inverse, on est dans un schéma considéré comme subversif… Bref, totale liberté, quoi. Et ça aussi, ça fait du bien. 🙂

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